Isoline – Judith Gautier

Nouveau mercredi, nouvelle découverte ! Et comme nous sommes au mois de Mars, mois qui met en avant les femmes (#marsauféminin), c’est d’une autrice romantique et d’une collection dont j’ai envie de vous parler cette semaine ! Vous me suivez ?

De quoi ça parle ? Isoline a grandi dans un château en solitaire. Son père la rejette sans qu’elle en connaisse la raison et sa vie est enchaînée aux dix règles qu’il a établi pour elle, sans qu’elle ne l’ai jamais vu qu’à travers une fenêtre. Sauvage, rêveuse, la jeune fille va très vite déjouer ces règles jusqu’à retrouver sa liberté.

Un mot sur la collection également : Les Plumées vient d’être lancée par la maison Talents Hauts et à pour but de faire reconnaître le talent d’autrices méconnues ou oubliées et de faire valoir la qualité de notre matrimoine, bien trop souvent effacé par celui des artistes masculins.

Les deux autres titres disponibles dans la collection (pour l’instant)

Pourquoi j’ai aimé ? Vous ne le savez peut être pas mais je suis une très grande fan de la période romantique, et essentiellement de Musset. On ne badine pas avec l’amour et Confessions d’un enfant du siècle sont d’ailleurs deux oeuvres essentielles dans mon parcours de lectrice tant sa vision de l’amour m’a touchée (j’aime tout autant son oeuvre que sa personnalité, aussi folle et torturée que géniale). Mais n’est-ce pas un peu étrange que de commencer une chronique sur une autrice spoiliée en parlant d’un homme ?

Non, car si je parle de Musset, c’est parce qu’à mes yeux, Judith Gautier a fait mieux avec Isoline. Tout en gardant l’essence de l’écriture romantique (mal du siècle, personnages torturés par leurs sentiments, leur passion, au sens premier, exaltée ; jeunes hommes et femmes luttant contre un système qu’ils détestent ; omniprésence de la nature ; critique puissante de la religion ; figure de la femme déifiée, transformée en un être irréel ; amour qui est l’essence de la vie… etc) et ce que j’aimais chez Musset, y mêlant le fantastique et l’ambiance bretonnante, chères aussi aux artistes du XIXème, elle livre pourtant une figure féminine beaucoup plus forte.

Une chouette femme vous dis-je

J’y ai retrouvé une ambiance à la Pauline de Dumas mais en mieux. Car Isoline, si elle découvre l’amour grâce à Gilbert, un lieutenant de marine, découvre la liberté grâce à Marie, sa nourrice dévouée. Si elle trouve motivation à sortir de sa froide prison par passion du cœur, c’est grâce à sa malice et son intelligence qu’elle se libérera de ses chaînes. Ainsi, à la différence de Pauline, c’est elle la véritable héroïne de ce roman. C’est un personnage pur sans être parfait qui dénote totalement des autres personnages : la transparente Mlle Armée, le cupide ecclésiastique ou même les simples mais généreux paysans. Non, Isoline est sublime. À la fois chat sauvage, spectre errant dans son domaine, petite fille découvrant la vie, héroïne romantique caressant la mort, naïve et d’une profonde gravité. Des cheveux noirs encadrant deux yeux bleus, hypnotisants, elle a tout des fées célèbres qui accompagnent les récits dont elle nourrit son enfance et subjugue tout autant le/la lecteur.rice que notre ami le marin.

Enfin, c’est une histoire d’amour pleine de tension (même si légère du fait de la petite taille du récit) dont le dénouement, plutôt optimiste, apporte un peu de bonheur au genre romantique où amour rime bien trop souvent avec tragédie.

Bref, merci aux Éditions Talents Hauts de m’avoir fait découvrir Judith Gautier et redécouvrir un genre littéraire que j’aime tant.