Miss Dumplin – Julie Murphy

(Mais ma bonne dame, trois semaines, trois articles ? Est-ce qu’on reprendrait un rythme régulier par ici ?)

La semaine dernière, on a célébré le 8 mars avec des histoires de princesses. Cette semaine, j’ai envie de vous parler de Miss Dumplin, un roman de Julie Murphy, publié par Albin Michel, qui ne parle pas de princesse mais un peu quand même. 

De quoi ça parle ? Willowdean est grosse mais le vit très bien. Pourtant, sa mère est la présidente du concours de Miss de sa petite bourgade et ne peut s’empêcher de reprocher à sa fille, qu’elle surnomme affectueusement Dumplin’ (AKA Boulette, en français) de ne pas faire attention à elle. Mais le modèle de Will, c’est sa tante, Lucy, tragiquement décédée six mois plus tôt, grande admiratrice de Dolly Parton et qui lui a appris à aimer ses rondeurs. Pourtant, quand Will découvre que cette même tante a renoncé de s’inscrire au concours de Miss Teen Blue Bonnet (celui même que sa mère orchestre), celle-ci décide de faire la révolution de l’intérieur en s’inscrivant. Ce qu’elle n’imaginait pas, c’est qu’elle deviendrait le porte-parole de toutes les filles mises de côté par ce concours et qu’elle ouvrira la porte à une révolte bien plus grande qu’elle !

Pourquoi je vous en parle ? Bien que le fond aborde des thématiques intéressantes, la forme reste très classique : un récit réaliste, une narration en je, qui nous livre les pensées de l’héroïne adolescente… Relation mère-fille compliquée, amitié avec des hauts et des bas, premier job, premiers émois… et évidemment, un triangle amoureux (que je trouve lourd et inuuuutile !!)

Alors, bien sûr, certaines sont des problématiques adolescentes « de base » disons, dans lesquelles la grande majorité des ados vont pouvoir se retrouver. La narration en je, que l’on retrouve beaucoup en jeunesse, donne un cadre (rassurant?) qui permet de faciliter l’identification au personnage principal et peut être de pouvoir aborder ensuite des sujets pas forcément plus importants mais plus originaux peut-être. Du coup, j’ai la sensation qu’on a privilégié l’originalité du sujet et de l’expérience de l’héroïne à celle de l’écriture et je trouve ça un peu dommage… est-ce que je suis devenue trop vieille ?

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Tout le monde a un corps à maillot ! / Si ce n’est pas ton corps, ce n’est pas à toi de juger / Gros, maigre, petit, grand, on s’en fout. (traduction personnelle et approximative)

Cela dit, le gros gros point fort de ce roman, c’est, comme je le disais, le traitement du body positive. On y trouve une critique des clichés de la représentation des grosses, mais pas seulement. Le combat de l’héroïne, Will, est juste : retrouver confiance en son corps en participant à un concours de beauté et démontrer que la beauté est partout. Mais parfois, Will oublie que ça n’exclue pas les corps qui correspondent aux canons de beauté. Du coup, on est pas du tout dans un discours qui favorise tel ou tel corps mais sur une vraie réflexion de l’héroïne sur les représentations qui l’entoure et sur la façon dont elle-même se voit et voit les autres.

Je me suis, je dois bien l’avouer, fortement identifiée à Will, du fait de mes rondeurs (Fun fact, je partageais le même surnom que l’héroïne lorsque j’étais gamine…). Tous les blocages qu’elle peut avoir vis à vis de sa relation avec Bo sont des blocages que j’ai déjà eu dans ma vie personnelle. Et je trouve ça super qu’on sorte un peu de ce cliché de l’héroïne canon mais qui ne s’en doute pas une seconde. Will n’est gênée de son corps qu’à partir du moment où Bo, le « beau gosse » avec qui elle flirte au boulot, passe la main sur ses bourrelets en l’embrassant. Et c’est une sensation que beaucoup de jeunes filles ont effectivement dû ressentir à un moment donné dans leur vie amoureuse, tellement nous sommes enfermées dans un modèle physique extrêmement réducteur. D’ailleurs, l’héroïne le dit : elle a toujours assumé son poids… jusqu’à sa rencontre avec Bo.

Ce que j’aime, c’est que ce n’est pas le regard de Bo qui « sauve » Will, bien au contraire. Je ne vais pas en dévoiler trop sur la résolution de ce problème mais j’avoue que j’ai été sensible à la réflexion et au chemin qu’elle fait pour s’accepter elle-même et se faire accepter.

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Magnifique, dit-il. Grosse, je pense. Mais est-ce que je ne peux pas être les deux en même temps ?

 

D’ailleurs, les personnages masculins secondaires sont sympathiques et loin de la masculinité toxique (dont ils sont d’ailleurs le contrepoids) : Bo est un jeune homme peu bavard, accro aux sucettes, qui assume ses failles et sait reconnaître ses défauts. Il a une vraie profondeur tout en restant au second plan de l’histoire, étant plus un déclencheur qu’un sauveur donc. Mitch est un peu plus anecdotique mais reste un personnage hors cadre : c’est un très bon joueur de football américain, victime pourtant lui aussi de critiques sur son physique et qui a une grande sensibilité. Il permet aussi d’introduire une (très légère) réflexion sur la représentation du corps féminin dans les jeux vidéos.

Bref, un roman pas parfait, peut-être un peu maladroit parfois mais qui a le mérite d’aborder des idées body positive, dans un roman drôle et feel-good !

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Les actrices du film Dumplin’

Sachez d’ailleurs que le livre a été adapté au cinéma (il est dispo sur Netflix) par Anne Fletcher. Le film respecte très bien l’ambiance et le message du roman, et laisse d’ailleurs une grande place à la musique de Dolly Parton 😉

9 réflexions sur “Miss Dumplin – Julie Murphy

    • Eh si ! Il est sorti il y a quelques temps maintenant 😊 je suis d’accord avec toi, la bande son est très chouette ! Et je crois que je préfère le film d’un poil, je trouve les persos un peu plus sympathiques (excepté Bo peut être) et il y a peut être un peu plus d’humour aussi 🙂

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